Petite histoire de la digiscopie.

et autres utilisations d'une longue vue.


La découverte


L’ornithologue malaisien Laurence Poh fut le premier photographe à plaquer son compact numérique (Olympus C-900 pour la petite histoire) sur l’oculaire de sa longue vue pour prendre en photo une bondrée orientale. La digiscopie était née; on était en 1999.
En cette fin du 20ème siècle, internet prenait son essor et ainsi grâce à son site Internet, il fit connaître sa technique dans le monde entier.  Il généra beaucoup d’engouement et il eut beaucoup d'adeptes. C'est le français, Alain Fossé, pionnier en la matière, qui donnera le nom de digiscopie (ou digiscoping en anglais) à cette technique. Laurence Poh fut emporté par la maladie et disparu le 19 septembre 2004, mais sa "découverte" lui survit encore de nos jours.

Principe et techniques



La digiscopie consiste à photographier avec un appareil photo au travers de l’oculaire d’un télescope. Si le principe est simple, la technique est bien plus compliquée qu'il n'y parait et obtenir de bons résultats est assez difficile. Au début, l’appareil photo était tenu à bout de bras, dans la main, derrière l’oculaire. De nombreux digiscopieurs ont peu à peu bricolés des dispositifs leur permettant de maintenir l'appareil sur l'oculaire en se libérant ainsi de cette tâche fastidieuse. De nos jours, on trouve sur le marché quantité d'adaptateurs plus ou moins appropriés qui garantissent un raccordement fixe ou mobile entre la longue vue et l’appareil photo.

Le grand avantage de la digiscopie, pour les amateurs de la nature qui disposent déjà d'une bonne longue vue, c'est que l'on peut obtenir des grossissements très importants avec un matériel relativement peu onéreux; par exemple avec un oculaire 30x sur la longue-vue et un zoom 2 x sur l'appareil  photo on obtient un grossiement de 60 x, soit à peu prêt l'équivalent d'un téléobjectif de 2000 mm en photo au format 24x36.
On peut aussi utiliser un reflex avec un objectif de 50mm et augmenter ainsi la qualité globale des clichés. Ainsi avec une longue vue 80mm, un zoom 20x60, un adaptateur, un reflex APS équipé d’un objectif 50mm F1.8 on obtient pour un budget relativement réduit une plage de focale allant de 1200 à 5000mm …
Le budget est "réduit" si on le compare à celui que nécessiterait l’achat d'un objectif 1200mm ou d’un 600 et d’un téléconvertisseur x2 et des téléobjectifs complémentaires.

longue vue Leica

Un exemple de montage "digiscopique" : Une longue vue Leica APO TELEVID 77, un oculaire zoom 20x60, un adaptateur DCA Swarovski, un Nikon coolpix 8400, un trépieds et une rotule Gitzo.
La digiscopie pour parler de façon plus savante est un montage afocal. Physiquement, cela signifie que le foyer image de la longue-vue est le foyer objet de l'appareil. Je traduirais cela plus simplement en disant que le principe fondamental de la digiscopie, est le suivant : "c'est comme si on prenait en photo l'image formée au niveau de l'oculaire d'une longue vue ou d'une lunette d'observation".

Quelques exemples de photos avec la Leica APO Televid 77, oculaire 20x60, adaptateur DCA Swarovski et un Coolpix 8400 (bridge).


Ici avec une technique voisine, très intéressante et qualitative.  Il s'agit de remplacer l’ APN compact par un reflex et un objectif fixe lumineux : Swarovski STM 80 HD, oculaire 25x50, adaptateur DCA Swarovski, Reflex numérique Nikon D80 et objectif nikkor 50mm AFD F1.8. L'oculaire est toujours présent.


Une autre technique est proposée par le constructeur Hawke (extrait de son catalogue ci dessous).

catalogue Hawke

Ici par l'intermédiaire d'une baguer T2, on peut fixer un reflex sans objectif directement sur certains oculaires. Je n'ai pas pratiqué cette technique ni encore vu les résultats; je n'ai donc pas encore d'avis dessus.



Quelques liens et sites




Une autre utilisation de la longue vue : le super téléobjectif économique

Il existe depuis longtemps, bien avant l'invention de la photo numérique,des adaptateurs qui permettent de transformer une longue vue en un téléobjectif pour appareil photo à objectif interchangeable.
Ici il n'y a plus d'oculaire, donc en principe plus de digiscopie mais simplement de la photo. Puisque l’être humain aime bien tout classifier et donner des noms aux choses, vous entendrez, sur le net, parler de cette technologie sous des appellations tels que « reflexoscopie » ou “ reflexscopie”.


Voici quelques exemples de nom de ces adaptateurs chez quelques fabricants de longue vue terrestre.
Chez Swarovski : SYSTEME DE LENTILLE TELEPHOTO TLS 800
Chez Nikon : Digital SLR Camera Attachment
Chez Kowa : Adaptateur Photo (photo attachment)
Chez Leica, il ne semble plus y en avoir au catalogue à ce jour.



Un exemple de montage "téléobjectif 800mm F8" du siècle dernier : Une longue KOWA TSN1, un adaptateur photo, un Nikon F501 (argentique), un déclencheur souple, un trépieds et une rotule Gitzo.

Guépards

Quelques exemples de photo (argentique numérisé) de la KOWA TSN1, l'adaptateur photo et un Nikon F501.


Un exemple de montage "téléobjectif 800mm F11" actuel : Une longue Swarovski STM 80 HD, un TLS 800, un Nikon D7000, un trépieds et une rotule Manfrotto. Ce système peut également être utilisé sans pieds ni rotule, à main levée.



Swarovski STM 80 HD, TLS 800 et Reflex numérique Nikon D7000



Toutes les photos d'animaux, présentées sur cette page, ont été prises dans des conditions naturelles. Seul le photographe pouvait être enfermé dans un véhicule ou dans un affût.



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